Faire face à la violence domestique en Amérique latine

Tuesday, Octobre 20, 2020
Image(s)

Plus de la moitié des enfants d'Amérique latine sont victimes de violence domestique chaque année. Dans la région la plus violente du monde, le soutien émotionnel est essentiel pour briser le cycle de la maltraitance.

Paul* (16 ans), l'aîné de quatre enfants, vit dans une maison dans la cour de son oncle à Lima, au Pérou, avec sa mère, Marcela, et ses trois frères et sœurs, Ana (13 ans), Lucy (9 ans) et Gabo (3 ans). La maison est plus petite que la précédente, mais Paul et ses sœurs s'y sentent en sécurité.

Pendant des années, les enfants ont vu leur père constamment humilier et maltraiter leur mère. En 2018, Marcela a découvert que son mari avait abusé sexuellement d'Ana, alors qu'elle était au travail. Paul se sentait coupable. En tant que frère aîné, il estimait qu'il aurait dû protéger sa sœur.

SOS Villages d'Enfants Pérou a aidé Marcela à porter plainte à la police et a trouvé un logement pour la famille. Mais l'expérience traumatisante a laissé des blessures trop profondes pour que la famille guérisse d'elle-même.

"Paul a tenté de se suicider", raconte Marcela, assise chez elle entourée de photos de ses enfants. "Il souffrait de dépression et d'anxiété. Ana avait peur et les filles tombaient constamment malades. Le petit avait des problèmes de langage. J'avais peur et je ne savais pas comment aider mes enfants.

Plus de 80 % des enfants au Pérou ont été victimes de violences dans leur foyer et plus de la moitié des cas signalés en 2018 étaient liés à des violences physiques ou sexuelles de la part de leurs parents, selon l'Enquête nationale sur les relations sociales du Pérou.

Malheureusement, malgré les taux alarmants, le bilan des traumatismes mentaux et émotionnels provoqués par la violence domestique est souvent négligé.

Selon des experts en santé mentale, les enfants de familles confrontées à l'adversité sont presque deux fois plus à risque d'un diagnostic de santé mentale que les enfants de ménages moyens. Pour avoir des adultes autonomes et indépendants – et briser le cycle de la violence – nous devons nous attaquer au traumatisme qu'ils ont subi.

Dans toute l'Amérique latine, SOS Villages d'Enfants soutient la santé mentale des enfants de différentes manières. Certains des moyens innovants et créatifs que SOS fournit un soutien psychosocial sont à travers nos cours et ateliers SOS Social Circus qui enseignent la masculinité positive aux pères.

« Chaque association nationale a des approches différentes, basées sur les réalités et les besoins locaux », explique Maricruz Granados, coordinatrice du développement du programme SOS pour l'Amérique latine. "Mais l'objectif global est de prévenir la violence domestique, de renforcer la sensibilisation et la résilience, dans le but de briser le cycle de la maltraitance, de la souffrance et de l'abandon dans la région".

Les traces invisibles chez les enfants

Stephany Orihuela, spécialiste de la protection de l'enfance à SOS Villages d'Enfants, affirme que la faible estime de soi et la faible estime de soi des enfants qui ont subi des violences sont ce qui ressort le plus. Mais les thérapeutes doivent également travailler sur les problèmes sous-jacents. "C'est le besoin d'affection, d'appartenance, d'être entendu et aimé", explique Mme Orihuela. "C'est ce avec quoi un thérapeute doit se connecter. Sans bien-être émotionnel, il est impossible d'améliorer leur comportement », ajoute-t-elle.

Un environnement toxique à la maison déforme la vision qu'a l'enfant des relations de diverses manières. Premièrement, ils apprennent que si quelqu'un les aime, ils peuvent être violents. Deuxièmement, ils intériorisent que n'importe qui avec une certaine autorité peut les humilier et les maltraiter. Et enfin, faute de capacités de communication, la violence devient un moyen de résoudre les conflits. Les preuves montrent que les enfants vivant dans des foyers où règne la violence domestique courent un risque accru de devenir des agresseurs ou des victimes à l'avenir. La priorité en thérapie psychologique est de déconstruire ces croyances, sinon, elles les porteront tout au long de leur vie et dans toutes leurs relations.

Développer la résilience et la confiance en soi

Dans le système péruvien, une fois qu'un rapport de violence domestique est déposé dans un centre d'urgence pour femmes, une thérapie psychologique est généralement obligatoire pour que les parents gardent leurs enfants. Malheureusement, les services offerts par l'État sont souvent insuffisants car il y a une forte demande et une perte de qualité. Un enfant victime d'abus n'a droit qu'à trois à cinq séances avec un conseiller dans un établissement de santé publique avant que le dossier ne soit clos.

SOS Villages d'Enfants Pérou travaille en partenariat avec l'État pour offrir un soutien afin d'éviter la séparation familiale. Outre l'orientation juridique et le renforcement des capacités en matière de compétences parentales et d'indépendance économique, ils travaillent en partenariat avec des institutions privées pour offrir une thérapie psychologique aux familles qui ont subi des violences domestiques.

Marcela et ses enfants ont tous suivi une thérapie psychologique individuelle hebdomadaire pendant six mois, tout en recevant des visites à domicile d'une conseillère familiale SOS, Mme Ñuñez, qui a offert son soutien et ses conseils. Les enfants ont également participé à l'initiative Frère aîné au centre social SOS, où ils ont reçu un tutorat après l'école ainsi que des cours d'art ou de musique.

« Tout cela a aidé les enfants à développer leur confiance en soi et leur résilience », explique Mme Ñuñez. « De plus, grâce aux ateliers organisés au Centre social SOS pour les familles des communautés, nous avons amélioré leurs liens et leur communication avec leur mère.

Paul a finalement surmonté sa dépression. Il terminera ses études cette année et veut devenir médecin pour protéger et guérir les autres. Lucy est en bonne santé et pleine d'énergie et le petit Gabo a rapidement amélioré ses capacités linguistiques grâce au soutien du centre social SOS.

Aujourd'hui, Ana montre fièrement sa nouvelle maison. Elle est heureuse qu'ils aient leur propre maison et qu'ils se sentent en sécurité. À l'avenir, elle souhaite devenir infirmière comme sa mère. "Ma mère est mon exemple de courage et d'amour, je veux devenir infirmière comme elle", dit-elle.

* Les noms et les images ont été modifiés pour protéger la vie privée des enfants et des adultes. Les activités du programme en personne dans la région ont été suspendues en raison de la pandémie de COVID-19. Le personnel de SOS est en contact permanent avec les familles par téléphone et par d'autres moyens pour fournir des conseils et un soutien en toute sécurité.

 

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfantparrainer un village ou faire un Faites un don aujourd'hui à notre réponse COVID-19.

 

Les Canadiens qui souhaitent aider les enfants vulnérables sont encouragés à parrainer un enfant, à parrainer un village ou à faire un don ponctuel. Votre soutien changera la vie des enfants orphelins, abandonnés et autres enfants vulnérables. S'il vous plaît aider aujourd'hui.